« Ut verna cernitur… »
Ut verna cernitur in ramulo rosa,
Lucens juventute nascentique flore,
Offendere caelum vivido colore,
Surgenti lacrimas effundent(e) aurora.
Venustas et Amor sedent ad petala
Fragrantis cespites arboresqu(e) odore.
Sed everberatur imbre vel ardore,
Et sensim decidunt marcida folia.
Sic te, primo flore, pulchris coloribus,
In caelis, in terra celebrat(a) omnibus,
Te Parca necavit et jaces sepulta.
Poeta te donat lugubri plangore,
Vase lacte pleno, fisco pleno flore,
Ut viv(um) et mortuum, corpus fiat rosa.
« Comme on voit sur la branche… »
Comme on voit sur la branche, au mois de mai, la rose,
En sa verte jeunesse, en sa première fleur,
Rendre le Ciel jaloux de sa vive couleur
Quand l’aube de ses pleurs au point du jour l’arrose.
La Grâce dans sa feuille et l’Amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d’odeur.
Mais battue ou de pluie ou d’excessive ardeur,
Languissante elle meurt feuille à feuille déclose.
Ainsi, en ta première et jeune nouveauté,
Quand la Terre et le Ciel honoraient ta beauté,
La Parque t’a tuée et cendre tu reposes.
Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,
Afin que vif et mort ton corps ne soit que roses.
Pierre de Ronsard (1524 – 1585), Sur la Mort de Marie (1578)
(Ronsard clarissimus poeta est in sexto decimo saeculo ; antiquorum poetarum sicut Pindari, Anacreontis, Horatiique exemplis ducitur, et canit amores suos tamquam Franciae casus in bello depingit vel Epicuri philosophiam pandit.)