Ver cerasorum
Cum cantabimus ver cerasorum,
Laetus luscinus passerqu(e) irridens
Gaudebunt omnes.
Tum lascivient virgines dulces
Amatoribusqu(e) erit cor fervens.
Cum cantabimus ver cerasorum,
Melius canet passer irridens.
Sed est tam breve ver cerasorum
Ut imus ambo delectum lente
Rubras inaures ;
Ceras(i) amoris stolis similes
Cadunt sub folio, sanguinis guttae ;
Sed est tam breve ver cerasorum,
Corall(i) inaures delectae lente.
Cum adibitis ver cerasorum,
Si recedetis caro dolori,
Procul virgines !
Sed non timeo saevos dolores,
Certe non vivam expers tormenti.
Cum adibitis ver cerasorum,
Eritis et vos in corde maesti.
Diligam semper ver cerasorum ;
In corde manet ill(o) a tempore
Vividum vulnus,
Et Bona Dea mi praebens munus
Dolorem numquam potest sedare.
Diligam semper ver cerasorum
Et memoriam manent(em) in corde
Le Temps des cerises
Quand nous chanterons le temps des cerises,
Et gai rossignol et merle moqueur
Seront tous en fête.
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au cœur.
Quand nous chanterons le temps des cerises,
Sifflera bien mieux le merle moqueur.
Mais il est bien court le temps des cerises
Où l’on s’en va deux cueillir en rêvant
Des pendants d’oreilles,
Cerises d’amour aux robes pareilles
Tombant sous la feuille en gouttes de sang ;
Mais il est bien court le temps des cerises,
Pendants de corail qu’on cueille en rêvant.
Quand vous en serez au temps des cerises,
Si vous avez peur des chagrins d’amour,
Évitez les belles.
Moi qui ne crains pas les peines cruelles
Je ne vivrai point sans souffrir un jour.
Quand vous en serez au temps des cerises,
Vous aurez aussi des peines d’amour.
J’aimerai toujours le temps des cerises :
C’est de ce temps-là que je garde au cœur
Une plaie ouverte,
Et Dame Fortune en m’étant offerte
Ne pourra jamais fermer ma douleur.
J’aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au cœur.
Jean Baptiste CLÉMENT (1836 – 1903)
Pleraeque cantilenae J.-B. Clement in oblivione captae sunt, nisi « Ver cerisorum », cantilena scripta ante popularem motum Parisianae plebis 1871 anno (« La Commune de Paris ») et abhinc facta signum omnium motuum ad instituendam meliorem rem publicam.