De Ponte Novo
Sub Ponte Novo fluit Sequana
Et amores
Manentn(e) in memoria
Semper luctum sequuntur gaudia
Nox veniat et hora
Vit(a) abit sum in mora
Manibus strictis stemus obviam
Brachiorum
Cum sub pontem cernam
Conspectus longos respuentem aquam
Nox veniat et hora
Vit(a) abit sum in mora
Abit amor ut fluentes undae
Abit amor
Ut tardae sunt horae
Ut plena bona Spes injuriae
Nox veniat et hora
Vit(a) abit sum in mora
Fluant dies atque septimana
Amor perit
Transit(a) et tempora
Sub Ponte Novo fluit Sequana
Nox veniat et hora
Vit(a) abit sum in mora
Le Pont Mirabeau
Sous le Pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le Pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Guillaume Apollinaire (1880– 1918), Alcools (1912)
(Amicus multorum artificum, praesertim pictorum sicut Picasso vel Braque, G. Apollinaire particeps fuit motus qui artes initio vicesimo saeculo renovavit et canoros versus scripsit ubi amores multos suos et res novas qui illo tempore evenerunt canit.)