O Libertas
O Libertas,
Diu te servavi
Velut raram gemmam;
O Libertas,
Ipsa m(e) adjuvisti
Habenam laxandam,
Ut irem quolibet,
Ut irem – nil obstet –
Per vias fortunae,
Somniensque carpam
Ventorum coronam
In radio lunae.
O Libertas,
Quoties cupisti,
Submisist(i) animam ;
O Libertas,
Omne tibi dedi,
Ultimam tunicam.
Quam tuli moleste
Ut essent placatae
Rogatae durae res :
Hunc locum mutavi,
Amicos perdidi
Ut mihi crederes
O Libertas,
Facile fregisti
Consuetudines,
O Libertas,
Per t(e) enim dilexi
Meas solitates.
Potui ridere
Et videns fugere
Pulcherrim(um) amorem.
Tu me defendisti
Quoties me condidi
Curatum dolorem.
O Libertas,
Tamen te reliqui
Decembris noct(e) illa ;
Reconditas
Vias deserui
Quas ibamus una,
Ubi fort(e) incautus,
Vinctus et constrictus,
Victus sum imbellis :
Amorem malui
Et vincla virginis.
Georges MOUSTAKI (1934 – 2013), Chansons, 1994.
Georges Moustaki, in Aegypto natus, Lutetiam venit anno 1951 et paulatim amicitia se jungit cum cantoribus, praecipue Georges Brassens. Cantiones scribit ab aliis cantis, sicut Y. Montand, E. Piaf praesertimque Serge Reggiani. Cantat ipse suas cantiones a 1960 anno (“Metoichus”, “le Métèque”). In cantionibus, libertatem et amicitiam canit.
Ma liberté
Ma liberté
Longtemps je t’ai gardée
Comme une perle rare,
Ma liberté
C’est toi qui m’as aidé
À larguer les amarres
Pour aller n’importe où,
Pour aller jusqu’au bout
Des chemins de fortune,
Pour cueillir en rêvant
Une rose des vents
Sur un rayon de lune.
Ma liberté,
Devant tes volontés
Mon âme était soumise ;
Ma liberté,
Je t’avais tout donné,
Ma dernière chemise.
Et combien j’ai souffert
Pour pouvoir satisfaire
Tes moindres exigences :
J’ai changé de pays,
J’ai perdu mes amis
Pour gagner ta confiance.
Ma liberté,
Tu as su désarmer
Toutes mes habitudes,
Ma liberté,
Toi qui m’as fait aimer
Même la solitude,
Toi qui m’as fait sourire
Quand je voyais finir
Une belle aventure,
Toi qui m’as protégé
Quand j’allais me cacher
Pour soigner mes blessures.
Ma liberté,
Pourtant je t’ai quittée
Une nuit de décembre.
J’ai déserté
Les chemins écartés
Que nous suivions ensemble,
Lorsque sans me méfier,
Les pieds et poings liés,
Je me suis laissé faire,
Et je t’ai trahie pour
Une prison d’amour
Et sa belle geôlière.