Canto
Canto
Canto per totum diem ;
Canto
Canto praeter tramitem ;
E castellis ad villam ;
Canto ; volo panem
Canto ; volo bibam
Nocte
Cubo in herba luci,
Muscae
Non nocent mihi.
Beatus sum,
Dives nil habens,
Canto, iter faciens
Nymphae,
Noctis numina,
Nymphae
Veniunt in lecta.
Adrepit luna suspenso pede
In silvam saltendo,
Saltendo conjuncte.
Advoco
Hodie dominam,
Sed nemo :
« Abiit ; solam
Oryz(ae) ollam liquit »
Sericus servus inquit.
Canto,
Sed fame prementi
Laboro
Egens cibi ;
Cado
In semita repente ;
Cadens deficio
Et pereo paene.
O custos,
Qui transis in proximo,
O custos,
Manum tendo :
Quam esurio !
Velim cenare,
Corpus est tam leve, leve !
Carcere,
Alii dixerunt mihi
« Carcere,
Amice mi,
Es cantor ille, vagabunde,
In carcer(e) includeris
Sic habitus male. »
Restis,
Me liberast(i) a vita,
O restis,
Sis laudata.
Per t(e) enim animam reddidi :
Hac nocte me suspendi.
Perii !
Canto
Canto per totum diem
Canto praeter tramitem
Visito
Omnes villas et turres
Phantasma canto :
Est facetissima res.
Nocte
Cubo in herba luci
Muscae
Non nocent mihi
Beatus sum
Ben(e) est : jam non esuriens
Et canto iter faciens.
Charles Trénet (1913 – 2OO1) Chansons.
(Charles Trénet medio saeculo vicesimo renovavit francogallicam cantionem, utens Septentrionalis Americae saltatioriis musicis (« swing ») idemque praebens ingenium liberi sermonis et inventionis ; alteram esse cantionem ante Charles Trénet et alteram cantionem post eum potest dici.)
Je chante
Je chante,
Je chante soir et matin,
Je chante,
Je chante par les chemins,
Je vais de ferme en château,
Je chante pour du pain,
Je chante pour de l’eau.
Je couche
La nuit sur l’herbe des bois ;
Les mouches
Ne me piquent pas ;
Je suis heureux :
J’ai tout et j’ai rien
Et je chante sur mon chemin.
Les elfes,
Divinités de la nuit,
Les elfes
Couchent dans mon lit ;
La lune se faufile à pas de loup
Dans le bois pour danser
Pour danser avec nous.
Je sonne
Chez la comtesse aujourd’hui :
Personne,
« Elle est partie
Elle n’a laissé qu’un plat de riz pour moi »
Me dit un laquais chinois.
Je chante,
Mais la faim qui me poursuit
Tourmente
Mon appétit ;
Je tombe soudain au creux d’un sentier ;
Je défaille en tombant
Et je meurs à moitié.
« Hé gendarme
Qui passez sur le chemin,
Hé gendarme,
Je tends la main :
Pitié j’ai faim,
Je voudrais manger
Je suis tout léger léger. »
Au poste
D’autres moustaches m’ont dit :
« Au poste,
Hé mon ami,
C’est vous le chanteur le vagabond,
On va vous enfermer,
Oui votre compte est bon. »
Non ficelle,
Tu m’as sauvé d’la vie,
Ficelle,
Sois donc bénie,
Car grâce à toi j’ai perdu l’esprit,
Je m’suis pendu cette nuit.
Et depuis
Je chante
Je chante soir et matin
Je chante sur les chemins,
Je hante
Les fermes et les châteaux :
Un fantôme qui chante
On trouve ça rigolo.
Et je couche
La nuit sur l’herbe des bois,
Les mouches
Ne me piquent pas.
Je suis heureux
Ca va je n’ai plus faim
Et je chante sur mon chemin.